| <Tribune Libre>
 à l'ombre du château de Vincennes, par Frederic
 Vers   1985 le grand apprit que le dernier vendredi de chaque mois sur l’esplanade du   château de Vincennes les joyeux propriétaires de DS se réunissait pour  ‘’la causerie au coin des phares ‘’.   C'est un ami qui un jour lui dit : « Comment ? Toi qui fais dans la DS tu ne sais pas que le vendredi   il y a plein de DS à Vincennes ? -Et comment le saurais-je? T’as reçus un carton toi ?    Avec dessus en lettres de feu :  ~~ Ce soir grand bal à Vincennes ~~     ~~ Venez avec votre DS ~~    -Eh bien! Moi je n’ai rien reçu! Il doit y avoir quelques problèmes avec   la poste. » C’est   comme ça que le vendredi suivant le grand type prit la direction du château de   Vincennes. Plus il roulait vers l’esplanade et plus il y avait de DS qui   arrivaient par les routes convergentes vers le point de rassemblement. Quel fut   son étonnement quand il déboucha enfin sur l’esplanade après avoir longé le   château par l’aile droite. Ce n’était plus à ce moment-là le bois de Vincennes   qu’il avait quelques fois traversé de jour. Il venait d’entrer de plein pied   dans un monde parallèle. Parallèle à la réalité grise qui n’était pas si loin,   simplement de l’autre côté du château sur la nationale qui va de Paris vers la   banlieue. Dans cette lumière orangée il y avait des voitures partout et dans   tous les sens.  Aussi   bien des DS que des deux chevaux ou encore des Renault. Ça roulait dans tous les   sens à des vitesses plus ou moins réglementaires. Le brouillard orange qui   flottait était autant dut aux gaz d’échappements qu’aux camions de frites qui   enfumaient toute l’espace dès que le vent devenait rabattant. Tout de suite le   grand type se senti à l’aise dans cette ambiance un peu folle et un brin   anarchique.  Un des derniers endroits de liberté où les réfractaires au doux bordel   cherchaient à se regrouper par genre, les R12 avec les R12, les DS avec les DS,   les sourds avec leurs autoradios. Il y avait suffisamment de décibels pour faire   péter les pare-brises des alentours.  Certains (beaucoup ?) venaient pour la frime, d’autres pour faire voir   leurs dernières trouvailles. Tel ce possesseur de DS qui chaque mois arrivait   avec un ou deux accessoires de plus sur sa voiture, c’était son truc, les   accessoires. Il y en avait partout, pas un seul élément de la carrosserie   n’avait échappé à cette surcharge. Faut quand même mettre à son crédit le fait que tous ces accessoires   étaient des pièces d’époque. Il devait bien  y en avoir pour trente kilos, sachant   que beaucoup étaient en aluminium. Le grand type lui venait pour l’ambiance,   pour cette convivialité et pour cette possibilité de voir des voitures plus ou   moins d’origine rouler, pour ne pas avoir l’impression d’être seul à vouloir   rouler à tous prix en ancienne. Peut-être venait il  là tout simplement pour les frites ou   pour  revivre les quelques derniers   moments de Bastille qu’il avait vécu en moto.  D’autres encore venaient pour promouvoir leur club avec enthousiasme.   C’est lors d’une de ses premières participation à ce show improvisé qu’il vit   arriver un homme avec des feuilles à la main il parlait fort et avait un rire   franc, ce qui ne fut pas pour déplaire au grand type, il se présenta en disant   qu’il était président d’un club DS.     -Pourquoi ne te gares tu pas avec les autres DS ?    -Parce que je suis bien ici.    -Mais non t’es pas bien. Viens par-là, viens dans la lumière, elle est de   quelle année ta voiture ?     -De 1960 -C’est bien, je fais un tour et    je te retrouve avec les autres OK ?  Le grand se tourna vers moi et me   demanda. -T’es d’accord grand-mère ? -Psshiiii ! Lui répondis-je gentiment. -OK à tout à l’heure. Après   nous être mélangés aux autres DS. Le président est revenu de son tour  pour lui apprendre que son club   organisait un rallye dans une quinzaine de jours et que ce serai bien que nous y   participions. Oh ! Soyez rassurés ce n’était pas le Monte-Carlo ou le tour de   Corse  mais un rallye touristique.   Nous avons  même remporté une coupe   pour la première place. Jamais pour la plus belle peinture. Allez savoir   pourquoi ?  C’est à Vincennes qu’un soir il fit croire à un promeneur que ma peinture   mate était d’origine et patinée par le temps. Que jamais il ne laverait mon   moteur sous prétexte que l’huile qui avait collé la poussière des routes des   années soixante était peut être celle de la première vidange. Le gars était   admiratif par tant d’esprit de conservation. 
 Quelle crise de rires, il en pleurait et bien sur chaque larmes qui   tombait sur la peinture était aussitôt absorbée par le minium ce qui déclenchait   une nouvelle crise de rires.  Un autre soir il eut la possibilité d’entendre une deux chevaux avec un   bruit particulier, et pour cause, elle avait un V8 et deux sorties   d’échappements. Une autre fois il fut traîné  par son ami qui tenait à lui faire   découvrir une Facel-Véga. Quelle auto! Ils durent mettre la main sur le capot   pour savoir que le moteur était en route tellement ce dernier était   silencieux. Que dire de cette dépanneuse qui vint un soir avec sur son plateau la   révélation, la réponse à la question maintes fois posée ID ou DS   ?  Le modèle, une DS 19 peut-être de 56, ne fut pas descendue pour je ne   sais quelle raison. Mais le grand ne résista pas et monta sur le plateau pour   voir de plus près. La voiture était comme neuve et ce qu’il prit pour une   carrosserie beige avec toit noir devait en fait être une couleur champagne toit   aubergine ça ne vous dit rien ?    Pendant un temps il y eu plusieurs mode sur les DS. L’une d’entre elle   était originale quand on la voyait pour la première fois. Mais perdit rapidement   son originalité. Elle consistait à remplacer l’espace occupé par la roue de   secours qui est placée à l’avant, par des phares. En règle générale c’était par   des longues portées qui aurait fait pâlir d‘envie un phare breton. Suffisait   ensuite de découper le capot sur un bon tiers pour laisser passer le faisceau   des phares et refermer la ligne du capot avec du plexiglas fixé sur un cadre. Le   gros problème avec ce genre de mode c’est que rapidement elle se démode puisque   tout le monde veux être à la mode.  (2   upsa!!! 2 ) Une   autre mode qui fit fureur était la mise en place de casquette de couleur bleu en   haut du pare-brise.     La plus ridicule pour le grand, fut celle qui consistait à mettre un   deuxième compteur devant le passager avant. Ce dernier n’avait plus de boite à   gant, mais trois cadrans identique à ceux du conducteur. Cela n’était possible   que sur les tableaux de bord de la dernière génération. De   mémoire je ne me souviens pas avoir entendu le grand type dire qu’il y en eu un   qui fonctionnait.  Quel plaisir d’être à la place du mort et ne pas savoir à quelle vitesse   on va mourir. Ce qui fait que pendant un certain temps mes sœurs DS étaient pour   beaucoup affublées de ces diverses ’’améliorations ’’. Le plus grave c’est que   certaines eurent la totale. Les phares, la casquette et le tableau de bord non   fonctionnel. Ne manquait que le tapis de plage arrière en tricot bariolé avec   petit chapeau pour le p.q. Puis vint la mode des finitions Pallas. Elle avait le don de changer   n’importe quelle ID 19 B en ‘’ Pallas ’’ roulant. Un autre président de club l’a   fait. Non, pas celui dont nous avons déjà parlé.   Lire la suite: premières armes    |